Questions et réponses

• À quel endroit le document a-t-il été utilisé et qui l'a créé ?

  À leur arrivée au camp de concentration de Dachau, les nouveaux venus devaient passer par divers services d’enregistrement. À l’instar de la section politique, du bureau de l’affectation au travail et de l’infirmerie (Revier), le secrétariat consignait lui aussi les informations clés sur les détenus dans son propre fichier. Les détenus secrétaires le tenait pour toutes les personnes incarcérées, afin de servir de base pour les rapports et d’avoir une vue d’ensemble.

  Les fiches d’enregistrement n’existant pas sous forme de spécimen imprimé, les Funktionshäftlinge (détenus à fonction ou « fonctionnaires ») du camp de Dachau écrivaient les renseignements sur des fiches tamponnées d’un quadrillage et dont le coloris variait en fonction du papier disponible à ce moment-là. Dès qu’une modification intervenait dans le statut d’un détenu, par exemple s’il était transféré dans un autre camp ou changé de block, les détenus secrétaires l’indiquaient sur sa fiche d’enregistrement.

• Quand le document a-t-il été utilisé ?

  Durant la phase initiale du camp de Dachau, on a utilisé des registres d’inscription pour consigner les données personnelles des détenus. Rapidement, toutefois, les fiches d’enregistrement ont fait leur apparition. De la taille d’un paquet de cigarettes, elles étaient uniquement remplies sur le verso à cette époque. On ne sait plus aujourd’hui à quel moment les fiches d’enregistrement ont remplacé les registres d’inscription. L’une des plus anciennes fiches d’enregistrement encore préservées a été établie au nom de Fritz Abendroth, incarcéré au camp de Dachau entre novembre 1933 et mars 1935. On suppose que les fiches d’enregistrement ont été instaurées autour de 1935. À compter de 1938, les renseignements y figurant sont devenus plus détaillés, avec l’adjonction de la profession, de la date du transfert ainsi que du pays natal ou de la région d’origine. Ce format a été conservé jusqu’en 1945. Même ceux qui sont arrivés au camp de Dachau juste avant la fin de la guerre par les convois d’évacuation ont, à quelques exceptions près, eu droit à une fiche d’enregistrement.

  Les secrétaires ont presque systématiquement rempli les fiches à la main jusqu’en 1940-1941. Par la suite, les informations – à l’exception du nom du détenu – ont généralement été dactylographiées ou tamponnées. Ces détails permettent de déterminer aisément à quelle période la fiche d’enregistrement a été établie.

• Dans quel but le document a-t-il été utilisé ?

  La fiche servait de base de données au secrétariat pour réaliser les rapports quotidiens sur le nombre total de détenus (relevé des effectifs ou Stärkemeldung), sur celui des arrivées ou des transferts vers d’autres camps et d’autres kommandos extérieurs (relevé des changements ou Veränderungsmeldung). Il était donc important de toujours garder les fiches d’enregistrement à jour. C’est pourquoi on y indiquait la date à laquelle un détenu était déplacé dans un camp de concentration ou camp annexe ainsi que le block du camp principal dans lequel il se trouvait. Une croix inscrite à la main ou tamponnée sur la fiche d’enregistrement indiquait que le prisonnier était décédé.

  Après la libération du camp par l’armée américaine, les fiches ont de nouveau servi à Dachau. En effet, les détenus sont parvenus à sauver le fichier d’enregistrement de la destruction et l’ont l’actualisé à l’intention de l’International Information Office (IIO) Dachau. Ils ont indiqué sur les fiches de près de 10 000 détenus si ces derniers avaient survécu dans l’un des 140 camps annexes de Dachau (Delivered in out-detail by U.S. Army) ou dans le camp principal (Delivered in the camp by U.S. Army). Cela ne signifiait cependant pas que la personne se trouvait réellement à ce moment-là dans le camp principal ou l’un des camps annexes. De fait, certaines fiches de prisonniers libérés au cours des marches de la mort ou à l’extérieur du camp ont également été tamponnées. Par conséquent, si l’un des deux tampons figure sur une fiche, cela implique soit que le détenu était en vie le jour de la libération, le 29 avril 1945, soit que l’IIO n’avait aucune information prouvant le contraire. Lorsque l’IIO apprenait un décès, l’information était parfois encore portée a posteriori sur la fiche d’enregistrement. Ces tampons ne se trouvent que sur les fiches d’enregistrement de Dachau; les fiches d’enregistrement d’autres camps en sont dépourvues.

• Quelle est la fréquence du document ?

  Les fonds des Arolsen Archives contiennent quelque 186 000 fiches d’enregistrement provenant de Dachau. On peut ainsi dire qu’une grande partie des fiches des 200 000 détenus emprisonnés à Dachau, ou dans l’un de ses camps annexes, est classée aux archives.

• Que faut-il prendre en compte dans ce document ?

  Les fiches d’enregistrement donnent l’impression d’un enregistrement ordonné dans les camps de concentration. Pourtant, en cas d’afflux de grands convois, l’inscription des hommes et des femmes était faite à la hâte, sous les coups et les insultes. Les SS et la Gestapo se servaient des procédures d’arrivée pour faire la démonstration de leur pouvoir. C’est pourquoi de nombreux détenus se souviennent d’injures, de violences et de brimades lors de leur enregistrement.

  Comme le nom du camp de concentration n’était pas imprimé sur les fiches d’enregistrement, il n’est pas possible de reconnaître immédiatement quel camp l’a établie. Ici, le numéro du fonds attribué au document par les employés de l’ITS peut servir d’aide. Aux Arolsen Archives, les fiches d’enregistrement de Dachau ne se trouvent pas dans les enveloppes pour documents individuels, qui sont classées par personne, mais dans un fonds distinct qui porte la cote 1.1.6.7.

  Le fichier d’enregistrement du camp de Dachau peut être source de confusion. Il contient en effet les fiches de personnes juives de nationalité allemande et autrichienne qui avaient été envoyées à Dachau à la suite des pogroms de novembre 1938. Mais il ne s’agit pas des fiches d’enregistrement originales. Elles ont probablement été créées immédiatement après la libération par l’International Information Office, une association de détenus du camp de Dachau libéré, et classées dans le fichier avec les fiches d’enregistrement originales, dont elles se différencient fortement.

  Si vous avez d’autres informations à propos de ce document ou de toute autre source présentée dans l’e-Guide, nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir les partager avec nous à l’adresse eguide@arolsen-archives.org. Nous nous efforçons de compléter régulièrement les descriptions des documents – et le meilleur moyen d’y parvenir est de mettre toutes nos connaissances en commun.